Histoire d'un Dessin

De la même manière que nous vous avons raconté la conception de nos pochettes en interrogeant l’Artiste, nous avons souhaité vous raconter l’histoire d’un dessin de la même manière.

Car encore une fois, la personne la mieux placée pour vous expliquer sa créativité n’est autre que Laurence Michau elle-même. Nous avons donc trouvé judicieux de la laisser nous raconter sa manière de penser, d’imaginer, et de concevoir ses dessins. 

"La créativité, pour moi, c’est un don de Dieu, et je serais bien prétentieuse si je tentais d’expliquer comment elle fonctionne . Je ne souhaite qu’une chose, que ce don ne disparaisse jamais, et je devrais remercier plus souvent Celui qui me l’a offert.”

Je fonctionne par associations, comme quelqu’un qui cherche à compléter un puzzle sans avoir le motif qu’il doit réussir à reconstituer. Je prends des détails de ce que j’ai vu ou que je vois au quotidien et je les assemble pour en faire autre chose. 

Je pense que mon véritable talent est la propension à associer des choses apparemment “inassociables” entre elles. Et je pense que c’est là qu’on arrive aux choses les plus belles. Quand vous supprimez les artifices et que vous ne conservez que l’essence même, alors il est possible d’associer des choses qui n’auraient jamais pu l’être au départ.

Mes yeux voient, et mon cœur ressent. Selon l’émotion, mon cerveau enregistre, classe, puis met de côté pour plus tard. Dans ma tête il y a une gigantesque malle aux trésors remplie d’images, de souvenirs, de couleurs, de motifs dans laquelle je pioche pour imaginer mes créations.

Mes inspirations sont très variées. Le détail d’un vitrail dans une église, le rococo, les plumes d’un oiseau, un morceau d’étiquette, un vieux jeu de tarots, un bout de dentelle oublié, l’exposition d’un artiste, les voyages, les années 30, les contes et légendes de tous les pays, les peuples nomades, le rock, la couleur, les tatouages, etc...

J’enregistre au fil des années toutes ces inspirations au fond de ma tête, et je m’en sers pour reconstituer le puzzle grâce à mon imaginaire.

Quand j’ai enfin réussi à visualiser le motif, à compléter le puzzle dans ma tête, j’ai tellement peur que mon idée s'en aille que je ne fais rien tant que j’arrive à contrôler mon envie de le rendre réel. J'ai vraiment peur de la page blanche, que l’inspiration ne vienne plus, que la Source se tarisse. 

Après cette période de réflexion, qui peut me sembler parfois très longue, je me donne l’autorisation de lâcher mon imagination et de travailler sur mon idée, sur mon puzzle. Les croquis foisonnent, les tests couleurs se chevauchent, s’effacent, se superposent. 

Hésitations, doutes, un pas en avant, 2 en arrière et puis, BIM…le déclic. 

Tout s’emboite, le travail préparatoire et fastidieux prend tout son sens. Je passe alors à l’infographie, que j’ai apprise récemment, étant une adepte du crayon et du papier, et là je peaufine les contours, j’affine les détails jusqu’à ce que ça me plaise.

J’appose ma signature, et c’est à cet instant que mon processus créatif prend fin.

Place à l’imprimeur, qui fera les derniers réglages colorimétriques pour que mes designs soient retranscrits dans leurs moindres détails. Dès lors, les motifs ne m’appartiennent plus vraiment. C’est vous qui leur donnerez vie et qui les ferez voyager. 

Vous voir les porter sera ma plus belle récompense."